micetto responsive
nos histoires

Charles Baudelaire et les chats des seins

10/08/2013
 Charles Baudelaire et les chats des seins

Dans les chats anoblis, passés du stade de minou à sa mémère à celui d’un être supérieur - à l’homme, ce n’est guère difficile- mais devenir un héros c’est plus costaud, la palme va en Belgique… A  Philippe Geluck, dont le chat, plutôt grosse bête assez laide et en apparence crétin, en fait Prix Nobel de l’humour et surdoué de l’analyse de l’homme et de ses travers, est donc un greffier de dessin.
Baudelaire, lui, en fait un animal des seins…
Il s’imagine félinement doué pour aller se lover dans les formes généreuses des femmes qu’il convoite.
Bon, c’est du Baudelaire, c’est donc dit autrement…

« Parcourir à loisir ses magnifiques formes ;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,
Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne. »

Ces lignes sont extraites de « La géante »… Bon, la daube dans la poésie, c’est la rime, et bien sûr les genoux de la femme fatale ne sont « énormes » que parce qu’il faut rimer avec les magnifiques « formes » de la ligne au-dessus… Baudelaire n’est pas seul à avoir buté là-dessus, Victor Hugo avait dû inventer la ville de Jérimadeth parce que justement, la rime, il ne l’avait pas…
Ce qui nous éloigne du chat. On y revient. 
Ainsi donc, selon Baudelaire, nos félins chéris seraient des symboles sexuels… Il est vrai que la femelle du chat désigne, en langage polisson, le petit buisson ardent de nos amantes, mais ceci n’est peut-être que billevesées, le même mot désigne aussi une ville de l’Isère ou la locataire d’un toit brûlant… (On a tous en nous quelque chose de Tennessee… Pardon je m’égare…)
Bon, on revient au chat et on creuse un peu…  Et effectivement, on va trouver un paquet de similitudes entre les chats et la vie sexuelle humaine quotidienne…
Par exemple, le fait n’est plus vraiment récent mais à l’époque d’après-guerre, quand le baby boom est arrivé à l’âge où l’on se regarde entre garçons et filles autrement que comme partenaires de Monopoly, on a commencé à parler de … minets et de minettes ! Ceux de la libération sexuelle, qui n’attendaient plus le mariage pour découvrir la chose et qui eurent même ce culot insensé d’assumer cette idée horrible, traquée par les curés et les pisse-froids depuis des siècles, le désir, voire, encore pire, le plaisir…
Bref, Baudelaire est dans le vrai. Nous aurions pu aller très loin dans cette reconnaissance, mais nous sommes à une époque où l’ordre moral reprend du poil de la bête, nous passerons donc vite et sans un regard sur les significations dérivées voire perverties des mots « minou » et surtout « minette »… Mais là encore, même en passant à mille à l’heure, force est de reconnaître que Baudelaire est un visionnaire !
Et la démonstration continue… 
A quoi un chat est il drogué ? A la caresse. J’ai entendu certaines de mes copines reconnaître qu’elles étaient prêtes à tout pour cela…
Comment reconnaît-on un chat sensuellement heureux ? Il ronronne… On peut y voir aussi une similitude avec les signes de ravissement de l’être humain…
Que fait un chat qui a envie de vous signaler qu’il vous a à la bonne ? Il vous lèche la main. Bon, avec un peu d’imagination, on pourra encore faire ici un rapprochement langoureux…
J’ai pensé aussi à mes copains, au lendemain d’une prise de forteresse imprenable, terme que nous utilisions entre nous pour décrire une défaite hautement probable, on dit aussi une veste, parce que l’objectif visé était au-delà de nos capacités de séduction...
Au « Alors? » que le vainqueur devait affronter le lendemain auprès de chacun d’entre nous, il fallait une réponse si possible positive et la preuve absolue était… une trace de griffes dans le dos !  
Effectivement, je reconnais et j’assume que contrairement à Baudelaire, nous n’étions guère dans le domaine poétique…
Mais la démonstration est faite, c’est l’essentiel… Décidément, j’adore Baudelaire.
Et le chat me devient vraiment très sympathique… 

les dernières mises en ligne
les chroniques