micetto responsive
nos histoires

La Fontaine : Un chat inventif (limite pervers) et un vieux rat très sage...

14/11/2014
La Fontaine : Un chat inventif (limite pervers) et un vieux rat très sage...

La Fontaine, je l’ai déjà écrit, avait trouvé un truc infaillible pour écrabouiller la société de son époque sans se retrouver embastillé, supplicié, voire décapité, privilège de la noblesse, la roue, le gibet c’était bon pour les pauvres...
Il avait réussi à se faire passer pour un rigolo, voire pour un simplet quand les zélotes du Roy allaient se plaindre de l’effronté en haut lieu...  
La preuve qu’il ne respecte rien, c’est que chez lui, le chat peut perdre la bagarre contre le rat, du coup à Micetto on devrait lui en vouloir mais que nenni, c’est tellement bien écrit et tellement bien vu, que le chat le plus inventif (chacun met derrière ce symbole le personnage public qu’il veut... la politique actuelle n’est par exemple pas avare de perversions... ) peut se faire avoir par un vieux rat qui réfléchit toujours au deuxième degré, à ce qui peut être caché derrière une apparence.
Dans le genre moderne, nous avons eu, certains sont toujours sacrément vivants, des gens comme Coluche, Le Luron, Devos, Bedos, qui tout en faisant rire, nous montrent tels que nous sommes, ce qui n’est pas toujours gratifiant mais à travers l’humour on croit toujours que ce sont les autres qui sont visés...  
Et bien, dans la fable de La Fontaine que vous pourrez lire ci dessous, il est possible de résumer une grande part de ce qui se passe en ce moment, en France, dans le monde, chez les tolérants comme chez les ultras religieux, en politique à droite comme à gauche et sur leurs extrêmes respectifs...  
La fin de cette fable ? Méfiance est mère de la sûreté... La Fontaine en a donc même appris au chat et à du coup à l’univers... 

 

Le Chat et un vieux Rat

J’ai lu chez un conteur de Fables,
Qu’un second Rodilard, l’Alexandre des Chats,
L’Attila, le fléau des Rats,
Rendait ces derniers misérables :
J’ai lu, dis-je, en certain Auteur,
Que ce Chat exterminateur,
Vrai Cerbère, était craint une lieue à la ronde :
Il voulait de Souris dépeupler tout le monde.
Les planches qu’on suspend sur un léger appui,
La mort aux Rats, les Souricières,
N’étaient que jeux au prix de lui.
Comme il voit que dans leurs tanières
Les Souris étaient prisonnières,
Qu’elles n’osaient sortir, qu’il avait beau chercher,
Le galant fait le mort, et du haut d’un plancher
Se pend la tête en bas : la bête scélérate
A de certains cordons se tenait par la patte.
Le peuple des Souris croit que c’est châtiment,
Qu’il a fait un larcin de rôt ou de fromage,
Egratigné quelqu’un, causé quelque dommage,
Enfin qu’on a pendu le mauvais garnement.
Toutes, dis-je, unanimement
Se promettent de rire à son enterrement,
Mettent le nez à l’air, montrent un peu la tête,
Puis rentrent dans leurs nids à rats,
Puis ressortant font quatre pas,
Puis enfin se mettent en quête.
Mais voici bien une autre fête :
Le pendu ressuscite ; et sur ses pieds tombant,
Attrape les plus paresseuses.
« Nous en savons plus d’un, dit-il en les gobant :
C’est tour de vieille guerre ; et vos cavernes creuses
Ne vous sauveront pas, je vous en avertis :
Vous viendrez toutes au logis.  »
Il prophétisait vrai : notre maître Mitis
Pour la seconde fois les trompe et les affine,
Blanchit sa robe et s’enfarine,
Et de la sorte déguisé,
Se niche et se blottit dans une huche ouverte.
Ce fut à lui bien avisé :
La gent trotte-menu s’en vient chercher sa perte.
Un Rat, sans plus, s’abstient d’aller flairer autour :
C’était un vieux routier, il savait plus d’un tour ;
Même il avait perdu sa queue à la bataille.
« Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,
S’écria-t-il de loin au Général des Chats.
Je soupçonne dessous encor quelque machine.
Rien ne te sert d’être farine ;
Car, quand tu serais sac, je n’approcherais pas.

C’était bien dit à lui ; j’approuve sa prudence :
Il était expérimenté,
Et savait que la méfiance
Est mère de la sûreté.

 

 

Vidéo de la fable du Chat et du vieux rat lue par Fabrice Luchini.

Comme l'écrivait Jean de la Fontaine " Je chante les héros dont Esope est le père et me sers d'animaux pour instruire les hommes". Une belle fable lue par le talentueux Fabrice Luchini.
Au style Jean de La Fontaine ajoute l'élégance de reconnaître que le fabuliste grec Esope est son inspirateur. Reconnaissance rare aujourd'hui et en fait de tous temps entre artistes... 


les dernières mises en ligne
les chroniques